« Dans tous les camps, les déportés ont souffert des appels interminables au garde-à-vous, obligeant à une immobilité totale pendant des heures à moitié nus, sous la neige, épuisés par la faim, le travail, les coups, les insomnies forcées.
A Neuengamme les appels ont une grande part dans le pourcentage des morts. Ils sont rationnellement organisés pour nous exterminer tous. Tous les prétextes sont utilisés ; les SS rivalisent d’ingéniosité pour les faire durer.
Souvent des hommes meurent au cours de la journée dans les chantiers ou les latrines, sans que les kapos s’en aperçoivent. Le total étant faux, les SS, les kapos et les chiens partent en pleine nuit, par crainte d’évasions. Nous devons attendre leur retour, immobiles, au garde-à-vous. »
Louis Maury, Quand la haine élève ses temples, Imp. Gutenberg. Louviers, 1950