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Economie de guerre : Contribution de Neuengamme

La SS poursuit des buts mercantiles et gère des dizaines d’entreprises.Les détenus sont employés dans des ateliers installés dans l’enceinte du camp ou dans des usines et chantiers extérieurs, en fonction des demandes. Ils sont regroupés par Kommandos (plus de 80, dont une vingtaine réservés aux femmes), à Hambourg et dans le nord-ouest de l’Allemagne.

En 1942 intervient une modification profonde dans la structure des camps.On ne peut mieux la caractériser que par cette expression du ministre de la Justice allemande Thierack  rendant compte d’une conférence qu’il venait de tenir avec Goebbels:. « Vernichtung durch arbeit »   (extermination par le travail)

Le 30 avril 1942, Oswald Pohl, chef de l’Office central économique et administratif des SS écrivait à Himmler : « la guerre a manifestement changé la structure des camps de concentration et modifié fondamentalement leurs tâches à l’égard de l’utilisation des détenus; La garde des détenus pour les seules raisons de sûreté, de redressement ou de prévention, n’est plus au premier plan. Le centre de gravité s’est maintenant déplacé vers le côté économique. Il faut mobiliser la main-d’oeuvre détenue d’abord pour les tâches de la guerre…»

Pohl définit ainsi le travail concentrationnaire; « le commandant du camp est seul responsable du travail effectué par les travailleurs, ce travail doit être, au vrai sens du mot, épuisant, pour qu’on puisse atteindre le maximum de rendement… le temps de travail n’est pas limité, la durée dépend de l’organisation du travail dans le camp et est déterminée par le commandant du camp seul…

Tout ce qui pourrait abréger la durée du travail (temps de repas, appel, etc.) doit être réduit au strict minimum. Les déplacements et les pauses de midi, de quelque durée que ce soit ayant pour seul but le repas sont interdits.»

(document R129 numéro RF 348, archives du procès de Nuremberg)

Cette main-d’œuvre gratuite, renouvelable et interchangeable, sert l’économie de guerre nazie : usines d’armement, production d’équipements, construction d’une base sous-marine, constructions et réparations navales, usines chimiques et raffineries de pétrole, fortifications militaires, travaux de déblaiement, de déminage, creusement de fossés antichars, etc. Les détenus sont des esclaves au service de « la race des seigneurs », au bénéfice de laquelle ils doivent travailler jusqu’à l’épuisement.

 

 

Kommandos de travail

 Kommandos intérieurs

 A partir de 1939 et jusqu’à 1945, la main d’œuvre gratuite des détenus est  utilisée dans des Kommandos de travail à l’intérieur de l’enceinte du Camp: Industriehof, Klinkerwerke (briqueterie), Elbe I, Elbe II, Jastram, Messap, DAW, Metallwerke.

Dans les glaisières, les déportés poussent des wagonnets remplis d’argile qui sera transformée en briques pour les constructions de Hambourg © AKZNG

« Ceux des « intellectuels » qui ne parlaient pas l’allemand, n’étant proprement bons à rien, se virent attachés aux travaux de force, employés comme manœuvres à la « terrasse ». Ils poussaient sur les rails les wagonnets chargés, déchargeaient les moellons des péniches, portaient les briques aux maçons qui bâtissaient une prison, une usine et un nouveau crématoire plus grand, la consommation quotidienne de morts s’accroissant régulièrement. »

L. Martin-Chauffier, L’homme et la bête, Gallimard,1947

 (Liste des Kommandos exterieurs)

A partir de 1942, sur ordre de l’office d’administration économique de la SS (WVHA), création des premiers kommandos de travail extérieurs au camp, mais dépendant de lui. Il y aura jusqu’à 80 Kommandos extérieurs, répartis sur une surface de plusieurs centaines de km2 et souvent très éloignés du Camp central.