Nous avons eu la tristesse d’apprendre que notre ami Raphaël Esrail, président de l’Union des déportés d’Auschwitz, est décédé le 22 janvier 2022. Il avait 96 ans.

Elève ingénieur à l’Ecole centrale de Lyon, il s’est engagé en 1943 dans la résistance. Arrêté par la Milice et la Gestapo de Lyon en janvier 1944, à l’âge de 19 ans, il est incarcéré à la prison de Montluc où il est identifié comme juif et donc transféré à Drancy, puis déporté à Auschwitz le 3 février (convoi 67). Après l’évacuation d’Auschwitz en janvier 1945, il est envoyé à Gross Rosen puis dans un Kommando de Dachau. Ayant survécu à toutes les souffrances, il arrive à l’Hôtel Lutétia le 24 mai puis retourne à Lyon le 26.
Il lui faudra, comme à beaucoup d’autres déportés, un certain nombre d’années pour sortir du silence mais, face à la vague négationniste qui s’exprime haut et fort en 1978, il réagit et s’engage dans une nouvelle lutte au sein de l’Amicale d’Auschwitz dont il devient secrétaire général en 1990. En 2004, l’Amicale fusionne avec d’autres associations et devient l’Union des déportés d’Auschwitz. Raphaël en sera le président à partir de 2008.

L’Amicale de Neuengamme a eu la chance de travailler avec Raphaël Esrail à plusieurs reprises, notamment lors de la préparation du site Internet « Mémoires des déportations – 1939-1945 » (https://memoiresdesdeportations.org/), inauguré le 21 mars 2017 et dont Raphaël a été le maître d’œuvre.

Outre sa vie militante, il y a la vie personnelle, « son histoire singulière », que Raphaël raconte dans L’espérance d’un baiser (Robert Laffont, 2017), très beau témoignage sur sa résistance, sa déportation mais aussi sa rencontre à Drancy avec Liliane, qui survivra aussi à Auschwitz-Birkenau et qu’il épousera en janvier 1948.

Raphaël Esrail était un homme engagé dans un travail éducatif, considérant comme essentielle la dimension didactique du témoignage : les survivants ont la mission impérative de « dire, prévenir, informer ».
C’était un homme remarquable, chaleureux, lumineux et d’une grande modestie. Un homme qu’on ne peut pas oublier.

Jean-Michel Gaussot (Secrétaire général de l’Amicale de Neuengamme)
Christine Rault (Rédactrice en chef de « N’oublions Jamais »)
Yvonne Cossu (Présidente d’Honneur)