Parce que la mémoire est intemporelle et en prolongement des cérémonies de 2015 liées au soixante-dixième anniversaire de la Libération des Camps, l’Amicale Régionale Franche Comté de Neuengamme et la FNDIRP ont pris l’initiative d’une soirée mémorielle sur le thème » Paroles de Déportés « .
Une scénographie particulièrement épurée présidait à cette soirée hommage aux victimes de la barbarie nazie, avec, en filigrane, le souvenir des 671 Jurassiens qui, sur 1231 déportés, ne sont pas rentrés de l’univers concentrationnaire.
Plus de 300 personnes ont assisté au théâtre de Lons Le Saunier, dans un silence de cathédrale, à cette séance de lectures, le 24 mars 2016.
Minute de silence demandée en début, en mémoire des victimes des attentats de Bruxelles puis 30 lecteurs se sont succédé, venant de différents horizons – c’était une volonté -famille de déportés, société civile, enseignants, lycéens, ont apporté de l’émotion, une grande émotion, durable, en récitant des textes, poèmes, écrits par des déportés dans les camps ou après leur retour, exprimant la survie, la faim, la soif, les coups, l’appel, l’espoir.
La douleur palpable, immédiate à chaque ligne. Trois chanteurs ont encore densifié ce grand moment en interprétant Le chœur des Esclaves de Verdi, Nuit et Brouillard, Ma France, le Chant des Marais, le Chant des Partisans, et Lascia ch’io pianga de Haendel, en fin de séance, dans l’obscurité totale. Défi lancé aux bourreaux et la mort.
Mémoire inextinguible de la République, les propos de M. Jacques Quastana, Préfet du Jura, qui a présenté chaque texte et auteur, et avec nous dans le travail en amont, il fut également lecteur en récitant un extrait de Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas d’Imre Kertész, déporté à Auschwitz, écrivain Hongrois, Prix Nobel de Littérature en 2002, et décédé le 31 mars 2016, comme un ultime hommage prémonitoire, conférant à cette soirée qui se voulait combattante face à l’ignorance et aux résurgences du fascisme et des extrémismes une solennité empreinte non seulement d’émotion , mais aussi d’espoir.