Union des Associations de Mémoire des Camps Nazis

La table ronde sur la Tragédie de la Baie de Lübeck organisée par l’Union des Associations de Mémoire des Camps Nazis (UAMCN), s’est déroulée  à Paris, le vendredi 22 septembre 2023,  avec le soutien de l’Institut Historique Allemand de Paris (IHA).

À partir de la fin janvier 1945, la SS obéit à des exigences en partie contradictoires : évacuer les camps devant la progression des forces alliées et faire disparaître les traces – donc les victimes – de la barbarie nazie.  Pour Neuengamme et ses Kommandos, une marche de la mort aboutit sur la mer Baltique, où plus de 9000 détenus sont entassés, en une semaine, sur le Cap Arcona, paquebot de luxe aux turbines inertes, et le Thielbek, ancrés dans la baie de Lübeck,  ainsi que sur d’autres bâtiments de la marine allemande (le Magdalena, l’Elmenhorst), transformés en camps flottants.  Un autre bateau, l’Athen, fait la navette entre les deux premiers bateaux et le port.  L’œuvre de mort s’accélère le 3 mai quand l’aviation anglaise coule bateaux et cargaisons humaines, une des plus grandes tragédies maritimes du monde. Par la manipulation des services secrets britanniques, les nazis ont-ils fait preuve d’un dernier cynisme afin que la Royal Air Force soit l’acteur de leur forfait criminel?

L’UAMCN (Interamicale) tenait à rappeler cet évènement et tenter d’éclaircir les responsabilités (entre les nazis et la RAF) en organisant une table ronde à l’Institut historique allemand de Paris.  Cette table ronde a été présidée par Jürgen Finger, directeur du département « d’Histoire contemporaine » et a permis l’intervention de deux historiens allemands spécialistes de la déportation : Christine Eckel, membre de la Fondation des mémoriaux et lieux didactiques de Hambourg en charge du site du Stadthaus et Lars Hellwinkel, enseignant d’histoire et responsable pédagogique du mémorial du camp de Sandbostel.  Cette table-ronde a été suivie en présence et à distance par des membres de l’Institut, par des descendants de victimes ou des très rares rescapés ainsi que par plusieurs membres des associations de mémoire.

 Il a été souligné le chaos de la situation et la difficulté de déterminer les responsabilités. 

  • Les trajets entre le camp ou les camps annexes et le port étaient décousus car les bombardements aériens stoppaient les convois ou coupaient les voies ferrées, créant un chaos dans les transports. L’Athen a aussi ramené au port des déportés transportés initialement sur le Cap Arcona, assurant leur survie.
  • La responsabilité des nazis ou de la RAF n’est pas facile à déterminer. D’une part, il y aurait eu dans la baie un sous-marin allemand prêt à torpiller les bateaux signant la détermination des nazis.  D’autre part, on ne comprend pas pourquoi les avions de la Royal Air Force ont bombardé les bateaux alors que leur chargement de déportés était connu depuis le matin par les troupes britanniques au sol.  Le mystère reste entier et la levée du secret militaire des documents confidentiels pourrait éclairer les historiens.

Les nombreux témoignages de satisfaction à l’issue des débats ont démontré que cet après-midi d’histoire avait été réussi. Par ailleurs, les remerciements ont été adressés aux intervenants et aux organisateurs, Daniel Simon, président et Dominique Boueilh, secrétaire-général de l’UAMCN ainsi qu’à Yvonne Cossu.

Photo ©JM Clère  De gauche à droite : Christine Eckel, Jean-Michel Clère, Jürgen Finger, Daniel Simon, Lars Hellwinkel