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Octobre 2023

Aurigny 

 le gouvernement britannique s’apprête à lever le voile sur les sombres secrets.

« Quatre-vingts ans après l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire du Royaume-Uni, le gouvernement britannique a décidé de procéder à une enquête sur le nombre de prisonniers assassinés par les nazis à Aurigny » (The Observer). Après des décennies de silence, l’annonce a été faite, fin juillet, de l’ouverture d’une enquête sur ce que certains ont appelé le «petit Auschwitz»[1] .

Une commission d’examen, comprenant 11 experts indépendants originaires de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne et du Canada, rendra ses conclusions qui devraient être publiées en mars 2024. Aucune fouille archéologique, ni excavation ne seront effectuées.

Aurigny (Alderney en anglais) fait partie d’un archipel comprenant Jersey, Guernesey et Sark qui se trouvent dans la Manche, au large de la Normandie. D’environ cinq kilomètres de long sur 800 mètres de large, la quasi-totalité de la modeste population civile d’Aurigny a été évacuée par la Grande-Bretagne lorsque, jugeant les îles trop difficiles à défendre, elle s’est retirée des îles Anglo-Normandes après la chute de la France en juin 1940. Aurigny avait une valeur stratégique pour le Troisième Reich dans le cadre des fortifications du Mur de l’Atlantique.

À  partir de 1942, elle est la seule à avoir abrité des camps de travail et de concentration. Quatre camps principaux ont été construits sur Aurigny, qui ont porté le nom des îles allemandes de la mer du Nord : Helgoland, Borkum, Norderney et Sylt. En 1943, Sylt  (à l’origine l’un des plus petits camps), et Norderney, ont été pris en charge par l’unité SS de la tête de mort. Sylt devint un satellite du camp de concentration de Neuengamme (malgré la grande distance qui les sépare), s’agrandit rapidement et fut transformé en camp de concentration. Sylt acquit rapidement une réputation bien méritée de « camp le plus terrible », comme en témoigna plus tard un ancien prisonnier d’Aurigny.  Le Le Royaum

 

[1] Un site est en ligne depuis le mois d’août pour fournir des informations fiables et à jour : https://occupiedalderney.org/.

Appel du monde mémoriel de la déportation 

Arrêtez immédiatement cette guerre en Ukraine

Petition NG AVRIL22

Septembre 2023

Union des Associations de Mémoire des Camps Nazis

 

La table ronde sur la Tragédie de la Baie de Lübeck organisée par l’Union des Associations de Mémoire des Camps Nazis (UAMCN), s’est déroulée  à Paris, le vendredi 22 septembre 2023,  avec le soutien de l’Institut Historique Allemand de Paris (IHA).

 

À partir de la fin janvier 1945, la SS obéit à des exigences en partie contradictoires : évacuer les camps devant la progression des forces alliées et faire disparaître les traces – donc les victimes – de la barbarie nazie.  Pour Neuengamme et ses Kommandos, une marche de la mort aboutit sur la mer Baltique, où plus de 9000 détenus sont entassés, en une semaine, sur le Cap Arcona, paquebot de luxe aux turbines inertes, et le Thielbek, ancrés dans la baie de Lübeck,  ainsi que sur d’autres bâtiments de la marine allemande (le Magdalena, l’Elmenhorst), transformés en camps flottants.  Un autre bateau, l’Athen, fait la navette entre les deux premiers bateaux et le port.  L’œuvre de mort s’accélère le 3 mai quand l’aviation anglaise coule bateaux et cargaisons humaines, une des plus grandes tragédies maritimes du monde. Par la manipulation des services secrets britanniques, les nazis ont-ils fait preuve d’un dernier cynisme afin que la Royal Air Force soit l’acteur de leur forfait criminel?

 

L’UAMCN (Interamicale) tenait à rappeler cet évènement et tenter d’éclaircir les responsabilités (entre les nazis et la RAF) en organisant une table ronde à l’Institut historique allemand de Paris.  Cette table ronde a été présidée par Jürgen Finger, directeur du département « d’Histoire contemporaine » et a permis l’intervention de deux historiens allemands spécialistes de la déportation : Christine Eckel, membre de la Fondation des mémoriaux et lieux didactiques de Hambourg en charge du site du Stadthaus et Lars Hellwinkel, enseignant d’histoire et responsable pédagogique du mémorial du camp de Sandbostel.  Cette table-ronde a été suivie en présence et à distance par des membres de l’Institut, par des descendants de victimes ou des très rares rescapés ainsi que par plusieurs membres des associations de mémoire.

 

 Il a été souligné le chaos de la situation et la difficulté de déterminer les responsabilités. 

 

  • Les trajets entre le camp ou les camps annexes et le port étaient décousus car les bombardements aériens stoppaient les convois ou coupaient les voies ferrées, créant un chaos dans les transports. L’Athen a aussi ramené au port des déportés transportés initialement sur le Cap Arcona, assurant leur survie.
  • La responsabilité des nazis ou de la RAF n’est pas facile à déterminer. D’une part, il y aurait eu dans la baie un sous-marin allemand prêt à torpiller les bateaux signant la détermination des nazis.  D’autre part, on ne comprend pas pourquoi les avions de la Royal Air Force ont bombardé les bateaux alors que leur chargement de déportés était connu depuis le matin par les troupes britanniques au sol.  Le mystère reste entier et la levée du secret militaire des documents confidentiels pourrait éclairer les historiens.

 

Les nombreux témoignages de satisfaction à l’issue des débats ont démontré que cet après-midi d’histoire avait été réussi. Par ailleurs, les remerciements ont été adressés aux intervenants et aux organisateurs, Daniel Simon, président et Dominique Boueilh, secrétaire-général de l’UAMCN ainsi qu’à Yvonne Cossu.

 

Photo ©JM Clère  De gauche à droite : Christine Eckel, Jean-Michel Clère, Jürgen Finger, Daniel Simon, Lars Hellwinkel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INFORMATIONS GENERALES

Année 2022

Décès de Raphaël Esrail

Nous avons eu la tristesse d’apprendre que notre ami Raphaël Esrail, président de l’Union des déportés d’Auschwitz, est décédé le 22 janvier 2022. Il avait 96 ans.

Elève ingénieur à l’Ecole centrale de Lyon, il s’est engagé en 1943 dans la résistance. Arrêté par la Milice et la Gestapo de Lyon en janvier 1944, à l’âge de 19 ans, il est incarcéré à la prison de Montluc où il est identifié comme juif et donc transféré à Drancy, puis déporté à Auschwitz le 3 février (convoi 67). Après l’évacuation d’Auschwitz en janvier 1945, il est envoyé à Gross Rosen puis dans un Kommando de Dachau. Ayant survécu à toutes les souffrances, il arrive à l’Hôtel Lutétia le 24 mai puis retourne à Lyon le 26.
Il lui faudra, comme à beaucoup d’autres déportés, un certain nombre d’années pour sortir du silence mais, face à la vague négationniste qui s’exprime haut et fort en 1978, il réagit et s’engage dans une nouvelle lutte au sein de l’Amicale d’Auschwitz dont il devient secrétaire général en 1990. En 2004, l’Amicale fusionne avec d’autres associations et devient l’Union des déportés d’Auschwitz. Raphaël en sera le président à partir de 2008.

L’Amicale de Neuengamme a eu la chance de travailler avec Raphaël Esrail à plusieurs reprises, notamment lors de la préparation du site Internet « Mémoires des déportations – 1939-1945 » (https://memoiresdesdeportations.org/), inauguré le 21 mars 2017 et dont Raphaël a été le maître d’œuvre.

Outre sa vie militante, il y a la vie personnelle, « son histoire singulière », que Raphaël raconte dans L’espérance d’un baiser (Robert Laffont, 2017), très beau témoignage sur sa résistance, sa déportation mais aussi sa rencontre à Drancy avec Liliane, qui survivra aussi à Auschwitz-Birkenau et qu’il épousera en janvier 1948.

Raphaël Esrail était un homme engagé dans un travail éducatif, considérant comme essentielle la dimension didactique du témoignage : les survivants ont la mission impérative de « dire, prévenir, informer ».
C’était un homme remarquable, chaleureux, lumineux et d’une grande modestie. Un homme qu’on ne peut pas oublier.

Jean-Michel Gaussot (Secrétaire général de l’Amicale de Neuengamme)
Christine Rault (Rédactrice en chef de « N’oublions Jamais »)
Yvonne Cossu (Présidente d’Honneur)